Ni primaire… ni populaire.

La “Primaire Populaire” a annoncé 450 000 inscrits sur sa plateforme avant son vote prévu ce week-end. Incapable de mobiliser sur le terrain, très peu suivie ou commentée sur les réseaux sociaux, l’initiative ne montre pourtant aucune dynamique en dehors des annonces de ses organisateurs. De quoi en étonner plus d’un.

C’est Francis Letellier qui a ouvert les hostilités le 23 janvier sur Twitter. Le journaliste commente l’annonce du nombre d’inscrits sur la Primaire Populaire, 450 000 selon les organisateurs, et écrit : “Bourrages des urnes version 2.0 ?”.

Il faut dire que l’information a de quoi surprendre, tant les organisateurs ont annoncé des chiffres en constante augmentation ces dernières semaines… sans que jamais cette tendance ne se vérifie sur d’autres points.

Un outil fait pour Taubira ?

Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Anne Hidalgo… les refus des candidats de gauche à participer à l’opération marketing 2.0 se sont d’abord enchaînés en janvier, ruinant les chances de la “Primaire Populaire” d’être prise au sérieux. Et les motifs évoqués sont pourtant précis : pas d’accord sur un programme défini en amont, aucune légitimité politique, pratiques douteuses consistant à tenter de forcer la main des partis et candidats politiques à gauche…

Personne, absolument personne à gauche ne semble se retrouver dans l’initiative. Sauf Christiane Taubira, toujours à la traîne dans les sondages après un lancement de campagne poussif, qui multiplie les démonstrations de considération vis-à-vis de ce qui ressemble déjà sa dernière chance. En cas d’échec, un destin à la Montebourg se dessine d’ailleurs pour l’ex-ministre de François Hollande.

Très peu d’intérêt dans le débat public

Ce désintérêt de la gauche pour la “Primaire Populaire” se vérifie d’ailleurs sur les réseaux sociaux, où les chiffres sont criants : sur le mois dernier, l’opération n’a été citée que 130 000 fois sur Twitter. Un score très faible en pleine campagne présidentielle et surtout très loin du reste de la gauche. Jadot, Roussel et Taubira tournent eux autour de 250 000 mentions, Hidalgo tourne autour de 400 000 mentions… et Jean-Luc Mélenchon affiche quant à lui une domination insolente, avec plus de 1 400 000 mentions. Soit plus de 10 fois le nombre de citations de la “Primaire Populaire” !

Si ces chiffres ne disent rien de l’adhésion ou non des utilisateurs de Twitter aux candidats de gauche (les mentions peuvent être positives ou négatives), ils sont par contre tout à fait parlants en termes de place occupée dans le débat politique. Et démontrent le peu d’intérêt flagrant autour de la “Primaire Populaire”, très en retard sur tous les autres candidats…

Notons aussi que l’initiative est très critiquée ! Car, fait cinglant pour Samuel Grzybowski et ses acolytes, leur initiative n’est jamais tant citée que lorsqu’elle est critiquée par les militants politiques de gauche, par exemple les 18 et 19 janvier à l’occasion de la sortie de 2 articles à charge du Canard Enchaîné.

Si Twitter n’est évidemment qu’un petit monde, ces chiffres contredisent tout de même l’idée de la dynamique annoncée par les organisateurs de la “Primaire Populaire” autour de leur projet. Surtout que ce manque d’intérêt criant est confirmé par l’audience du débat organisé par France info avec les candidats de ce scrutin (enfin, ceux ayant accepté de venir !) dans la semaine : seul 69 000 téléspectateurs l’ont suivi… soit 0,3% de l’ensemble du public. Ce qui représente à peine la moitié de la moyenne de la chaîne d’info en 2021.

À titre de comparaison, le débat de la primaire EELV organisé sur France info en septembre avait été suivi par 156 000 personnes. Soit plus du double !

Bref, en plus de n’être pas vraiment une primaire, la “Primaire Populaire” ne semble pas beaucoup plus populaire. Malvenu, avec un tel nom…

Lucie Vauclin